GÉOMÉTRIE
SOUFFLÉE
GÉOMÉTRIE
SOUFFLÉE
TANGRAM
TANGRAM
IMMERSION
AU VAISSEAU
IMMERSION
AU VAISSEAU
IMMERSION
AU VAISSEAU
GÉOMÉTRIE VARIABLE
LA PAROLE AUX JEUX
Le 21 décembre 2018, j'ai eu l'occasion de mener un entretien avec Thomas Billard, professeur de mathématiques au collège Jacques Twinger dans le quartier Poteries de Strasbourg. Il est l’un des initiateurs des cours d’aide personnalisée sous forme de jeux mathématiques dans son collège. L’entretien que j’ai pu avoir avec lui a d’ailleurs été orienté sur cette thématique précise, et sur la manière dont ses cours étaient conçus puis perçus par ses élèves. Nous avons par la suite eu un petit échange sur le thème plus large des cours de mathématiques puis sur les différents jeux qu’il pouvait proposer pendant les cours d’aide personnalisée. Cette initiative lui est venue par sa propre formation en partie orientée vers l’enseignement par le jeu. Il met d’ailleurs en avant le fait que cette méthode d’apprentissage est particulièrement bénéfique pour les élèves, et notamment pour les plus réfractaires, puisqu'elle ne demande ni rédaction ni justification de leur part, deux éléments qui posent souvent problème pendant les cours de mathématiques classiques.
Les cours d'aide personnalisée se concentrent sur des temps de cours obligatoires proposés chaque semaine pour l’ensemble des élèves de 6ème. Dans le cas de Thomas, ceux-ci sont fixés le mardi après-midi et se composent de différents jeux mettant en avant la motricité fine (géométrie par le pliage et les patrons) et la résolution de problèmes divers. Il m’explique que le classement en REP de son collège justifie l’intérêt de faire des jeux mathématiques avec les élèves notamment avec ceux qui présentent des difficultés et qui ne sont pas particulièrement scolaires. Pour lui, les jeux sont aussi une manière d’appréhender autrement les notions vues en cours et de faire progresser les élèves : «Généralement on a une base, celle du travail en classe, et on voit ce qui a fonctionné. En fonction de comment ça touche les élèves, on va aller plus loin en fonctionnant par niveau. Par exemple on a le niveau 1 qui est un niveau assez simple, si les élèves réagissent bien, si ils s’en sortent , là normalement on va proposer la même chose mais en allant plus loin ou en proposant des activités plus compliquées». L’idée n’est donc pas d’apprendre de nouvelles choses mais plutôt d’appréhender autrement les notions vues en cours en fonctionnant par activités évolutives, ce qui permet aux élèves de mieux s’y retrouver. Par le principe d’évolution, des aptitudes sont validées et les élèves progressent davantage qu’en cours classique : Thomas : «Souvent je vois une notion en cours, de manière assez traditionnelle à travers des activités, des introductions, donc des choses assez classiques en soi, et derrière en AP, j’essaie de trouver des jeux en rapport avec ce qu’on a vu avant. Ça leur permet d’une part déjà de s’entraîner, de s’exercer, de travailler la notion, et le fait de le faire de façon ludique, comme ils sont plus intéressés et qu’ils se motivent, ils retiennent mieux. Quand on évalue après, ça apporte une plus-value quand ils font des contrôles derrière, parce qu’ils se souviennent de ce qu’on a fait en jeux, ils se souviennent de ce qu’il y avait avant et ceux qui s’investissent, qui s’exercent bien, correctement, ça permet d’améliorer leurs résultats». Outre le fait de faire progresser les élèves, c’est surtout la motivation qui est visible pendant ces temps. En prenant la forme de jeu, l’apprentissage est perçu très différemment par les élèves qui n’ont pas réellement l’impression de travailler. Ils abordent alors la matière de manière plus décontractée, en ayant conscience qu’il n y aura pas de production écrite ni de notes à l’issue du cours. Pour Thomas, il s’agit même de temps particulièrement agréables pour ses élèves : «C’est un autre rapport, ils aiment bien ces heures là parce que voilà on s’amuse tout en faisant des maths, ça leur permet de passer un bon moment en AP, ils sont toujours contents de venir (…). Ils sont un peu feignants aussi, et là ils savent qu’ils peuvent s’investir et que derrière on va pas leur demander de faire un devoir, quelque chose qui soit noté donc ils s’investissent davantage en AP qu’en cours normaux».
Cela fait seulement 4 ans que Thomas propose ces cours d’aide sous la forme de jeux mathématiques et il a pu faire rapidement la distinction entre l’avant et l’après, notamment la modification de motivation de ses élèves et les capacités de réflexions et de mémorisation, plus efficaces par cette méthode. «Même si il n’y a pas de traces écrites, ils arrivent à retenir, il n’y a pas forcément besoin que ce soit rédigé ou écrit pour qu’ils mémorisent». La forme particulière de ces cours semble également stimuler les plus réfractaires des élèves. La participation collective et ludique semble produire davantage intérêt et une meilleure implication. Il n’y a plus de différences de production entre les bons élèves et ceux qui ont plus de mal. Certaines fois, les professeurs sont confrontés à quelques surprises : «Des fois on a des bonnes surprises quand on fait des jeux à énigmes les élèves qui sont faibles sur les résultats s’en sortent très bien et produisent des choses vraiment intéressantes sur ce type de séances». Thomas m’a fait part d’une anecdote portant sur l’un de ses élèves qui éprouvait quelques difficultés en mathématiques. Celui-ci avait réalisé des activités de grilles pendant un des cours d’aide et celles-ci lui avaient tellement plu qu’il avait décidé de créer sa propre grille pour son professeur. Pour Thomas, il s’agit d’une réussite : «Je trouvais ça super sympa parce qu’au final, il avait tout compris, il s’était approprié le jeu, il s’était investi». Placer l’élève au centre du processus de création des énoncés est un postulat intéressant car cela semble lui permettre de s’approprier les choses qu’il a pues apprendre et comprendre, et ainsi lui donner un sens et une finalité. Pour Thomas, le travail de groupe est également important car il stimule l'ensemble des élèves, et permet à ceux qui ne présentent pas de difficultés de faire part de leurs connaissances aux autres.